Cloud atlas

Cloud atlas

De quoi ça parle :

 

Pas moins de six récits s’entrecroisent pour former cette étonnante « cartographie des nuages ».

 

En 1849, alors qu’il traverse le Pacifique à bord d’un navire, un jeune juriste découvre un passager clandestin, esclave en fuite, avec lequel il va nouer un lien de confiance.

En 1936, à Édimbourg, un jeune musicien sans le sous entre au service d’un grand compositeur en tant que copiste et entame la création d’une œuvre musicale majeure.

1973, à San Francisco, la journaliste Luisa Rey enquête sur des problèmes de sécurité liés à une centrale nucléaire et voit son informateur assassiné.

En 2012, à Londres, un éditeur se met à dos une famille de truands locaux après avoir fait une fortune grâce au livre qu’à écrit l’un d’eux avant d’aller en prison.

En 2144, à Néo Séoul, Sonmi-451, une clone consacrée entièrement à sa tâche automatisée de serveuse dans un restaurant, se met à développer une pensée individualiste, et va initier par sa conduite un soulèvement contre le pouvoir en place.

En 2321, 106 ans après la chute, le berger Zachry est en proie à des hallucinations dans lesquelles une figure démoniaque bien connue de sa tribu, le Vieux Georgie, l’incite à se comporter en lâche, même lorsque son frère et son neveu sont tués sous ses yeux par une tribu ennemie.

 

Sortie : 2012

Durée : 2h52

Genre : Drame, Science-fiction, Historique, Thriller, Réflexion métaphysique

 

Qui l’a fait ?

 

Les Wachowski, réalisateurs bien connus pour la trilogie Matrix, ainsi que Tom Tykwer, réalisateur allemand de Cours, Lola, cours, et du très ambitieux Le Parfum – Histoire d’un meurtrier.

 

 

Qui joue dedans ?

 

Tom Hanks, un de ces acteurs que l’on ne présente plus, connu pour ses rôles dans Il faut sauver le soldat Ryan, Forrest Gump, La Ligne verte, Le Pont des espions, Le Terminal, etc, etc...

 

 

 

Halley Berry, actrice américaine connue pour avoir incarné la mutante Tornade dans quatre des films X-men, et pour avoir joué dans A l’ombre de la haine, Nos souvenirs brûlés ou le James Bond Meurs un autre jour.

 

 

Mais aussi : Jim Broadbent, Hugo Weaving, Jim Sturgess, Doona Bae, Ben Whishaw, James D’Arcy, Zhou Xun, Keith David, David Gyasi, Susan Sarandon, Hugh Grant...

 

Est-ce un bon film ?

 

Il paraît presque miraculeux qu’un film comme Cloud atlas ait pu se monter à Hollywood avec un budget conséquent.

Adapté d’un roman au concept purement métaphysique, le récit est colossal, couvrant des époques et des lieux radicalement différents, nécessitant la création de non pas un mais deux univers de science-fiction, la reconstitution soignée de trois époques historiques, l’implication de nombreux acteurs, souvent avec un important travail de maquillage, et le travail de trois réalisateurs particulièrement passionnés par le sujet. Par chance, il semblerait que l’aura dont disposaient les Wachowski après le succès retentissant de Matrix, ainsi que le sous-estimé Tom Tykwer, ait suffi à convaincre la Warner de les accompagner dans ce projet hors-normes.

 

 

Il est difficile d’expliquer quel est le véritable sujet de Cloud atlas, et je ne crois pas qu’il soit souhaitable de le faire, car une bonne part de l’attrait du récit réside dans l’interprétation du spectateur. Ce qui ne veut pas dire que le film est un exercice dans l’art du propos vague et indéfini. Il est simplement trop vaste dans son ambition pour qu’on puisse le résumer à de simples enjeux dramatiques.

C’est une réflexion sur le devenir de l’humanité, tant au niveau civilisationnel qu’au niveau individuel, tant à travers la politique et les rapports sociaux, que dans l’expression artistique, les sentiments amoureux et la quête de sens que traverse tout individu. Sacré programme, me direz-vous. Et pourtant Cloud atlas tient son pari, non parce qu’il va apporter des réponses à tous ces questionnements, mais parce qu’il va les aborder tous en profondeur et établir des liens et des corrélations là où l’on n’aurait pas songé à les chercher.

 

 

Pourquoi six récits ? Pourquoi ces personnages-là et pas d’autres ? Pourquoi les mêmes acteurs reviennent-ils dans différents rôles au fil des époques ? Le message du film est-il simplement une révélation religieuse sur la base de la réincarnation ? Non, c’est plus que ça. Si les acteurs jouent plusieurs rôles c’est à la fois pour suggérer des liens entre les individus de différentes époques, et pour établir une continuité non-narrative. Peut-être sont-ils les incarnations d’une même âme, mais peut-être aussi représentent-ils le progrès de l’humanité à travers les différentes individualités qui la traversent, suggérant ainsi une épopée à l’échelle de l’espèce entière, où chaque petit acte de bonté ou de courage participe à une œuvre globale dont nous ne pouvons saisir toute la portée.

 

 

Arrivé à la fin du film, on est à la fois impressionné et frustré devant la démonstration. Les récits se sont tous intrinsèquement mêlés, se sont répondus en échos tantôt subtils, tantôt grandioses. Et pourtant, on en aurait voulu plus. On aurait voulu que le sens exact de tous les points du récit nous apparaisse à la fin comme une fresque parfaite, dans laquelle nous pourrions nous-même nous insérer. Mais aucune œuvre de fiction n’aurait pu accomplir une telle chose, et nous le savons. Ne serait-ce que parce que l’épopée de l’humanité est toujours en cours et que le sens exact des choses ne pourra se révéler enfin que lorsque nous en aurons suivi toutes les trames.

Mais Cloud atlas ne manque pas de récompenser son spectateur, et l’expérience de visionnage ne fait que s’approfondir au fil du temps. Car il s’agit d’un de ces films qui s’améliorent à chaque visionnage, de façon assez spectaculaire je dois dire. Si j’ai apprécié le film la première fois, je ne l’ai véritablement aimé que la deuxième, et après ma troisième vision, je peux dire avec assurance que je l’adore sans la moindre mesure et qu’il s’agit d’un des films les plus remarquables jamais produits.

 

Appréciation : une expérience narrative unique, portée par un propos humaniste magnifique, des acteurs parfaitement dirigés et une mise en scène et un montage exemplaires.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Le film est parfois dur, avec quelques scènes de violence éparpillées dans le récit, mais il est regardable à partir de 14 ans environ. Son propos tantôt grave, tantôt léger, et la multiplicité des récits pourraient rebuter certains spectateurs, mais le rythme est excellent de bout et bout, avec des touches d’humour très bien senties et un souffle épique qui devrait parler tant aux adultes qu’aux adolescents.

 

Verdict : à voir dès 14 ans.

 

 

 

 Romain