L'Homme qui voulut être roi

De quoi ça parle :

 

Fin du XIXème siècle. Alors que l’empire britannique est à l’apogée de son pouvoir, deux officiers aux tempéraments d’aventuriers décident de se lancer dans l’expédition ultime. Ensemble, ils comptent atteindre un petit royaume coupé du monde, le Kafiristan, et grâce à un chargement d’armes à feu, en devenir les nouveaux maîtres. Le projet est fou, et la mort attend les deux hommes s’ils commettent la moindre erreur, que ce soit dans la traversée des montagnes quasiment inexplorées ou dans leur rencontre avec les tribus locales.

Mais Daniel Drabot et Peachy Carnehan ne sont pas des individus ordinaires, et ils le savent. Conduits par leur audace et leur orgueil, ils sont prêts à aller au bout de leur idée, et à égaler Alexandre le grand lui-même, le dernier occidental à avoir pénétré les frontières du royaume secret.

 

Date de sortie : 1975

Genre : aventure

Durée : 2h 03

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

John Huston, réalisateur américain célèbre pour les films Le Faucon maltais, le Trésor de la Sierra Madre ou encore Moby Dick.

 

 

Qui joue dedans ?

 

Sean Connery, acteur écossais connu dans un premier temps pour avoir été le premier interprète de James Bond dans les années 60, et dont la carrière prit un tout nouvel élan avec Le Nom de la rose en 1987, année où il reçut également un oscar pour son rôle dans les Incorruptibles.

 

 

Michael Caine, acteur anglais célèbre dans les années 60 et 70 pour des films comme La Loi du milieu ou Alfie le dragueur, et dont la carrière récente a été relancée par sa collaboration très fructueuse avec Christopher Nolan (la trilogie Batman, le Prestige, Inception, Interstellar...).

 

 

Est-ce un bon film ?

 

L’Homme qui voulut être roi est la quintessence du film d’aventure classique, porté par un souffle et un lyrisme que l’on ne retrouvera sans doute jamais plus au cinéma. En cela, il s’agit d’une œuvre charnière, qui si elle est relativement connue, n’a cependant pas du tout le même niveau d’exposition que des films épiques comme Lawrence d’Arabie ou Docteur Jivago.

Ce succès en demi-teinte du film est à l’image de celui de ses deux héros. Ils accomplissent un exploit remarquable, mais qui restera dans l’ombre, car limité uniquement aux frontières du lointain Kafiristan. Nous spectateurs sommes comme le témoin de cet étrange récit (Rudyard Kipling lui-même, interprété ici par l’excellent Christopher Plummer). Il nous est donné d’entendre l’histoire de ces deux fous à l’ambition démesurée, et d’en tirer notre propre morale.

 

Le génie de la nouvelle de Kipling - et de l’adaptation de Huston - tient à ce que tout y est fait pour nous présenter les deux étranges héros de cette histoire comme des êtres aussi imparfaits qu’attachants. Danny et Peachy sont des aventuriers au sens le plus vulgaire du terme. Ils n’hésitent pas à extorquer de l’argent aux grands de ce monde, mentent et manipulent pour arriver à leurs fins et ils se font une idée très personnelle de l’honneur. Mais, comme Kipling, on ne peut s’empêcher de les aimer, et même de leur vouer une certaine admiration. Car, ce ne sont pas des hommes étriqués, ou sans égards pour les autres, mais plutôt des grands enfants aux rêves démesurés, des fous qui veulent toucher les étoiles, et surtout deux amis exemplaires, prêts à mourir l’un pour l’autre.

 

 

Car oui, L’Homme qui voulut être roi est avant une histoire d’amitié, l’une des plus belles que nous ait offert le cinéma et l’une des plus crédibles grâce au talent de ses deux formidables comédiens que sont Michael Caine et Sean Connery. Leur complicité est évidente, tout comme leur merveilleuse complémentarité. Et s’ils doivent réussir à accomplir l’exploit dont ils rêvent, ce sera ensemble.

Or, il n’est question que d’un seul homme dans le titre. Car on ne peut siéger à deux sur un trône... Une fois que les héros commencent leur véritable ascension vers la couronne, le film devient moins un récit d’aventure qu’une fable morale, une réflexion passionnante sur le pouvoir, sur les vaines ambitions humaines et sur la véritable valeur des choses.

Inutile de le nier : l’entreprise de Daniel et Peachy est mauvaise dès le départ. Kipling n’en fait pas de mystère dans son récit, et la façon dont son personnage implore les deux aventuriers de renoncer à leur voyage en dit long sur le sort qui les attend. Pourtant, l’aventure en elle-même est sa propre récompense, indépendamment des trésors gagnés en chemin. Elle aura mis à l’épreuve cette formidable amitié et aura démontré son inaltérable solidité.

 

 

L’Homme qui voulut être roi est un grand film parce qu’il est empreint d’un message subtil et pourtant parfaitement compréhensible par tous les spectateurs. La vie doit être vécue comme une aventure, et chacun se doit d’exploiter ses talents au maximum. Mais nous devons aussi nous rappeler de notre place au sein de ce monde, et reconnaître quand nous allons trop loin.

Il y a de la beauté dans les errances de l’humanité. On peut chanter la gloire de ceux qui commettent des erreurs, du moment que l’on honore pas l’orgueil qui les animait, mais bien les liens d’amour qui faisaient d’eux des héros.

Réussir à montrer à la fois la fragilité et la grandeur de l’homme, c’est la marque des chefs d’œuvre. Aussi, amis cinéphiles, profitez donc de ces jours de pluie pour découvrir ou redécouvrir L’Homme qui voulut être roi.

 

Appréciation : l’un des plus grands films d’aventures jamais réalisé, et une adaptation flamboyante d’un des plus beaux textes de Rudyard Kipling.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Il y a quelques moments de violence dans L’Homme qui voulut être roi, mais celle-ci est plutôt suggérée que montrée de front. Malgré sa morale subtile, le film se veut un divertissement familial et il est tout à fait regardable à partir de 10 ans.

 

Il est à noter que les deux héros appartiennent à la franc-maçonnerie (tout comme Kipling lui-même d’ailleurs), mais la chose est présentée de façon neutre. Les spectateurs qui n’épousent pas les valeurs franc-maçonnes verront ainsi dans le destin de ces deux hommes une forme d’avertissement. Les autres n’y verront qu’un élément narratif original.

 

Verdict : un film familial, mais dense, porté par un rythme plus posé que dans les films d’aventure moderne. A voir dès 10 ans.

 

 

Romain