Ave, César ! **

De quoi ça parle :

 

Eddie Mannix est ce qu’on appelle un fixer, l’employé d’un grand studio de cinéma dont la tâche est de faire en sorte que les multiples tournages en cours se déroulent dans les meilleures conditions et sans aucun scandale. Or, en plein âge d’or de Hollywood, tout n’est pas aussi rose qu’il y paraît sous le soleil de la Californie.

L’acteur choisi pour tenir le rôle principal du dernier drame psychologique en cours est un cowboy mal-dégrossi incapable de masquer son accent texan. Dee Anna Moran, la reine du ballet aquatique, est enceinte alors qu’elle n’a aucun mariage en vue. Et pour couronner le tout, la plus grande star du studio, Baird Whitlok, vient d’être kidnappé en plein tournage de Avé, César !, le péplum phare de l’année.

En moins de deux jours, Eddie va devoir gérer ces multiples problèmes et prendre une décision définitive concernant sa propre carrière.

 

Date de sortie : 17 février 2016

Genre : comédie satirique

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Les frères Cohen, une valeur sûre du cinéma indépendant américain, lesquels se sont peu à peu constitué un statut de référence incontournable avec des films comme Barton Fink, Fargo, The Big Lebowski, The Barber, No Country for old men, etc, etc.

 

 

Qui joue dedans ?

 

Josh Brolin, qui jouait déjà dans No country of old men, et plus récemment dans Sicario et Inherent vice.

 

 

George Clooney, un autre habitué des frères Cohen, avec O’brother, Burn after reading ou encore Intolérable cruauté. On l’a vu également ces dernières années dans Gravity et A la poursuite de demain.

 

 

Mais aussi :

 

 

Est-ce un bon film ?

 

Comme souvent avec les frères Cohen, Avé, César ! prend la forme d’un film à sketchs, dont les différentes séquences sont reliées entre elle par un fil narratif assez distendu. Ce genre de principe fonctionnera plus ou moins bien selon le niveau général des scénettes présentées. Lorsque le film est inspiré, il est très drôle. Tout ce qui concerne le tournage du film Avé, César ! en lui-même est particulièrement réussi. Les efforts déployés pour reproduire l’esthétique et l’atmosphère des péplums de l’époque se révèlent payants. George Clooney est très drôle en vedette blasée jouant son rôle de centurion sans se poser de questions. La voix off de Michael Gambon (Dumbledore dans la plupart des films Harry Potter) est parfaite pour reprendre le style suranné des narrations propres aux films des années 50. Et les multiples références à Ben Hur ne manquent jamais de faire mouche.

 

Autre sous-intrigue très réussie, celle tournant autour du jeune cowboy tentant de se reconvertir en acteur de drame. La prestation de Alden Ehrenreich est absolument remarquable de naturel et la séquence durant laquelle il tente de jouer sa première scène de dialogue dirigé par un réalisateur anglais guindé interprété avec délectation par Ralph Fiennes se révèle la plus drôle de tout le film.

 

 

Pour le reste, le niveau est plus inégal. Les sous-intrigues autour des personnages de Scarlet Johanson et de Channing Tatum ne semblent être là que pour justifier deux séquences purement nostalgiques durant lesquelles les frères Cohen prennent un plaisir évident à reproduire les codes du cinéma de l’époque. On ne peut qu’applaudir la prestation de Tatum en particulier qui assure le spectacle en acteur de comédie musicale avec autant de maîtrise qu’un Gene Kelly. Mais force est de reconnaître que tous ces différents morceaux manquent de liant et donnent souvent une impression de gratuité un peu vaine.

 

Ce qui aurait dû être le cœur du film, à savoir le personnage de Josh Brolin et son dilemme intérieur pour déterminer si oui ou non il doit continuer à faire ce travail de fixer, est finalement son aspect le moins mémorable. Brolin n’a pas un rôle si intéressant en définitive et paraît n’être là que pour mettre en valeur les performances des autres acteurs. Avec quelques efforts d’écriture en plus, le film aurait pu bénéficier d’un meilleur axe narratif.

 

Au final, Avé, César ! demeurera un Cohen assez mineur, émaillé seulement de quelques séquences mémorables. On regrettera que le remarquable travail de mise en scène et de production design entrepris pour reconstituer le Hollywood de l’âge d’or n’ait finalement engendré qu’une comédie sympathique, mais sans grande ambition.

 

Appréciation : un film amusant qui plaira aux habitués des frères Cohen mais ne marquera guère la filmographie de ses réalisateurs.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Tout public, à quelques grossièretés de langage près. Il n’y a rien à redire sur le contenu du film, qui ne représente jamais les mœurs dissolues de certains personnages comme des traits positifs.

Le sujet de la religion est abordé au travers du prisme du tournage du péplum biblique, ce qui donne lieu à une scène très drôle durant laquelle le personnage de Josh Brolin s’efforce de satisfaire des représentants des principales religions des États unis. Ce passage, s’il ne manque pas d’ironie, écorne plutôt le système hollywoodien de l’époque que les religions concernées. Toutes les fulgurances comiques autour du personnage de Jésus vont également dans ce sens.

 

Verdict : pour adultes et adolescents, tout en sachant qu’une certaine culture du cinéma des années 50 et 60 sera certainement un plus.

 

Romain