First man

First man

De quoi ça parle :

 

Dans les années 60, alors que l'union soviétique a déjà mis en orbite un satelite et envoyé le premier homme dans l'espace en la personne de Youri Gagarine, la NASA se voit confiée la tâche de relever un défi encore quasiment impossible : réaliser le premier vol habité pour la lune. Neil Armstrong, alors pilote d'essai, est engagé par la NASA pour les programmes Gemini et Apollo. Son comportement posé et ses grandes compétences font de lui le candidat idéal pour diriger un jour la mission de toutes les missions. Mais l'homme est hanté par la mort de sa fille en bas âge, et son calme apparent semble dissimuler des tourments intérieurs pour le moins préoccupants.

 

Date de sortie : 17/10/2018

Durée : 2h22

Genre : Drame, Historique, Biopic

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Damien Chazelle, réalisateur américain de 33 ans qui, en deux films seulement, les très réussis Whiplash et Lalaland, est devenu l'un des cinéastes les plus apréciés d'Hollywood.

 

Est-ce un bon film ?

 

Damien Chazelle a surpris tout le monde avec la sortie de Whiplash en 2014, film intimiste sur un jeune homme qui souhaite devenir batteur dans un orchestre de jazz et va être à la fois formé et brimé par un mentor aussi charismatique qu'abusif. Le film était un véritable tour de force d'écriture et de mise en scène. Puis, en 2017, c'est avec Lalaland, comédie musicale aux séquences orchestrées de main de maître, que le réalisateur entre officiellement dans la cour des grands. On attendait donc avec impatience son prochain film, toujours avec Ryan Gosling, d'autant que le sujet était pour le moins audacieux : les premiers pas de l'humanité sur la lune.

 

 

Un an à peine après Lalaland, nous voici donc devant First man, fresque historique et psychologique couvrant le parcours de Neil Armstrong depuis ses premiers vols en dehors de l'atmosphère jusqu'à ce jour mythique de 1969 quand l'homme a marché sur la lune. De part l'ampleur du sujet, et le choix de traiter plusieurs années de conquète spatiale, le film rappelle inévitablement l'Etoffe des héros, de Philip Kaufman en 1983. Mais là où ce dernier traitait justement de la course à l'espace disputée entre l'union soviétique et les USA entre les années 50 et 60 sans aller jusqu'à son célèbre dénouement, Damien Chazelle se concentre sur Neil Armstrong, l'homme qui à la fois défini et concrétisé le rêve de l'humanité de décrocher les étoiles. Et, de façon surprenante, aucun film majeur n'avait encore abordé de front cet évènement plus que significatif du XXème siècle. Peut-être parce que les images retransmises à la télévision dans le monde entier ont tellement marqué les esprits qu'il semblait pratiquement impossible de reproduire l'impact de l'instant en lui-même...

 

 

Le moment semble être venu toutefois, car c'est près de deux générations qui sont passées depuis ce jour mythique, et il est difficile aujourd'hui de prendre conscience de l'impact qu'a eu l'exploit d'Armstrong et de son équipe à l'époque. Le niveau d'exigence attendu de ces hommes, les risques omniprésents de défaillance technique, la pression médiatique et hiérarchique, sans oublier l'enjeu famillial essentiel dans ce film, Damien Chazelle traite de tout celà, mais il prend surtout le temps de tracer un portrait presque désabusé de Neil Armstrong qu'il fait incarner par Ryan Gosling afin de profiter de son jeu tout en nuance et de son visage faussement inexpressif. Devant sa caméra, Armstrong est dépeint comme un homme en souffrance, incapable de communiquer avec sa femme et avec son entourage malgré le poids de la mort de sa fille qui l'accompagne en permanence. Son rapport à la mort est unique, en ce qu'il ne la craint pas, mais ne la recherche pas pour autant. Le film défend l'idée que c'était là la plus grande force de cet homme hors norme et que c'est ce qui lui a valu d'être désigné pour la mission la plus délicate de toute l'histoire de la conquète spatiale.

 

Le film prend son temps pour poser son récit, et s'il pourra paraître arride à certain, sa puissance narrative est évidente depuis son excellente scène d'ouverte jusqu'à l'haletante dernière demi-heure. On en retire des moments de grâce, voire de poésie, une vision exaltée mais lucide d'une entreprise qui même aujourd'hui paraît encore totalement démentielle dans son ambition, et une phisosophie transcandente qui remet l'homme à sa juste place de grain de poussière dans un univers gigantesque, tout en démontrant sa capacité à aller au-delà de ses rêves les plus fous.

 

Appréciation : une très belle fresque historique, ample et authentique, portée par un réalisateur inspiré et un acteur très bien choisi.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Le film ne fait pas l'impasse sur les moments les plus tragiques de la conquète spatiale, mais il ne fait aucun étalage de violence et ne cultive aucun voyeurisme. Il y a fort à parier qu'il sera montré dans les collèges et lycées à l'avenir chaque fois qu'il sera question de la conquète spatiale. Son rythme et l'importance donnée au développement psychologique de ses personnages rebuteront toutefois les plus jeunes.

 

Verdict : A voir dès 12 ans.

 

 

Romain