Incassable

Incassable

De quoi ça parle :

 

Alors qu'il est en route vers New York pour un rendez-vous professionnel, le train de David Dunn déraille. Celui-ci se réveille quelque heures plus tard dans un service de soins intensifs et apprend que, de tous les passagers, lui seul a survécu. Plus étrangement encore : il est totalement indemne.

Avant même cet évènement, David se trouvait dans une période de confusion. A l'approche de ses cinquante ans, il remet en cause son mariage, sa relation avec son fils et la vie qu'il a mené jusque là. Voulant trouver un sens à l'incroyable évènement qui vient de lui arriver, il répond à l'invitation d'un homme singulier, Elijah price. Celui-ci est le propriétaire d'une gallerie d'art spécialisée dans les illustrations de comics, et plus particulièrement les histoires de super-héros. C'est aussi un homme à la fragilité extrême, car il est atteint du syndrome de la maladie des os de verre. Il a une théorie folle à exposer à David, une théorie qui pourrait donner enfin un sens à leurs existences à tous deux et changer leur perception du monde.

 

Date de sortie : 27/12/2000

Durée : 1h46

Genre : Fantastique, Drame, film de super-héros

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

M. Night Shyamalan, réalisateur américain d'origine indienne dont la carrière a explosé avec l'excellent Sixième sens en 1999 (déjà avec Bruce Willis), et qui a réalisé aussi Signes, Le Village, La Jeune fille de l'eau, After earth, The Visit, et tout récemment Split.

 

 

Qui joue dedans ?

 

Bruce Willis, acteur américain popularisé par le rôle de John Maclane dans les films Die hard et qu'on a vu dans une multitude de films marquants comme Pulp fiction, Le Cinquième élément, Looper, L'Armée des 12 singes, Sin city, Moonrise kingdom...

 

 

Samuel Jackson, acteur américain incontournable pour ses apparitions dans la prélogie Star wars, Pulp fiction, Django unchained, dans le rôle de Nick Fury dans les films Avengers, Jurassic Park, Die hard - Une journée en enfer, etc, etc, etc.

 

 

Robin Wright, actrice américaine réputée qui après ses débuts dans la série Santa Barbara s'est imposée dans le cinéma de divertissement (Princess Bride), indépendant (Le Congrès, Perfect mothers) et dernièrement dans la série télévisée House of cards.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

En 1999, le monde découvrait avec surprise le style à la fois touchant et efficace de M. Night Shyamalan avec Sixième sens. Le jeune auteur réalisateur, alors âgé seulement de 29 ans, fut célébré par le public et la critique comme le nouveau Steven Spielberg. Un an plus tard sortait son film suivant, Incassable, toujours avec Bruce Willis et l'on retrouve son goût pour un surnaturel puissant tout en sobriété, ainsi que pour les coups de théâtre de dernière minute. Les échos de ce deuxième film furent nettement moins favorables à l'époque, les critiques estimant qu'il ne s'agissait que d'une variante du Sixième sens, et Incassable eut un succès bien moins retentissant. Et pourtant, il s'agit probablement de l'oeuvre la plus importante de son réalisateur, et d'un des meilleurs films de genre de ces vingt dernières années.

 

Incassable, comme beaucoup de films de Night Shyamalan fonctionne comme une énigme dont la question est posée dès la toute première scène et dont la réponse nous entraîne sur des thématiques toutes autres que celles que nous aurions pu imaginer au départ. David Dunn est l'homme ordinaire auquel tout spectateur peut s'indentifier, reconnaissant dans son malaise celui d'un quotidien incertain que nous ressentons tous confusément, un pur personnage de cinéma. Face à lui, Elijah Price est une figure tragique, un homme qui s'est construit en dépit de sa nature, en luttant à chaque instant pour vivre une vie digne et porteuse de sens. Tous deux veulent désespérement trouver leur place dans le monde. Ils croient en un idéal qu'ils ne parviennent pas encore à identifier, et ils représentent l'un pour l'autre l'espoir d'arriver enfin au bout de leur quête. Leur relation est la plus grande force d'Incassable, moins pour son développement psychologique que pour ses implications mythologiques.

 

 

Car c'est bien de mythologie qu'il s'agit ici. Celle des super-héros, bien que le mot ne soit jamais prononcé de tout le film. Incassable annonce tout de suite le sujet avec son texte d'ouverture. M Night Shyamalan cherche à déterminer la signification exacte du mythe du héros dans nos sociétés modernes et le lien existant avec la figure du demi-dieu. A une époque de moralité fluctuante, où les fondements des valeurs sont tous remis en cause, son récit aborde frontalement la question du sens de nos vies et de nos idéaux.

 

Le scénario est brillant de bout en bout, tous les personnages sont traités en profondeur avec d'infinies nuances, et excellement interprétés. On apréciera notamment la relation très juste entre David Dunn et son fils Joseph, la communication délicate entre lui et sa femme avec ses allers-retours constants, et de façon plus subtile, le traitement du personnage de la mère d'Elijah Price qui en quelques répliques et quelques regards troubles fait passer un monde de tourments intérieurs.

 

 

Le film prend son temps très agréablement, reste concentré sur ses personnages à chaque seconde, et lorsque le récit prend tout son essor dans le dernier acte, la puissance des enjeux dramatiques est exceptionnelle. Les trente dernières minutes sont absoluement brillantes, procurant toutes les réponses nécessaires au spectateur, tout en maintenant intelligemment l'ambigüité sur le sens exact des évènements. Une fois la vérité révélée, le sens exact du film émerge, et le spectateur constate avec ébahissement qu'il a assisté à la fois à un drame poignant, à un film fantastique d'une profonde originalité et au meilleur film de super-héros réalisé à ce jour.

 

Appréciation : LE chef-d'oeuvre de Night Shyamalan, un film d'une richesse incroyable centré sur des personnages forts et parfaitement développés, au coeur d'une intrigue à la fois fantasmagorique et parfaitement ancrée dans le réel. A voir et à revoir.

 

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Le style de Night Shyamalan a souvent été comparé à celui de Spielberg et il est vrai qu'il aspire souvent à forger des récits familiaux, poétiques et touchants. Mais il faut être conscient que le réalisateur aborde toujours dans ses films des sujets à caractère choquant à un moment ou à un autre. Il le fait avec goût et retenu, évitant de filmer la violence, et préférant la suggérer. Mais les implications sont parfois glaçantes. Pour cette raison, mieux vaut ne pas montrer ce film à des enfants ou des adolescents âgés de moins de 14 ans.

 

Verdict : pour adultes et adolescent. A partir de 14 ans.

 

 

Romain