La Ligne verte ****

La Ligne verte ****

De quoi ça parle :

 

Paul Edgecomb est un paisible vieil homme coulant des jours tranquilles en maison de retraite. Son quotidien bien réglé ne se singularise que par les mystérieuses promenades qu'il fait en cachette après l'heure du déjeuner. Puis un jour, alors que la télévision de la salle commune diffuse une scène tirée d'un ancien film de Fred Astair, Paul s'effondre en larmes. Les souvenirs de sa jeunesse l'assaillent douloureusement, et il n'a pas d'autre choix que de se confier à Elaine, sa meilleure amie à l'hospice.

 

Autrefois, Paul était gardien de prison, affecté au bâtiment abritant les condamnés à la chaise électrique. Une année en particulier a changé toute sa vie, celle où un homme noir de taille gigantesque a été condamné suite à l'assassinat de deux petites filles. L'homme s'appelait John Coffey, un simple d'esprit dont le don étrange allait bouleverser totalement l'atmosphère étouffante du bloc E.

 

Date de sortie : Mars 2000

Durée : 3h 09

Genre : Drame, Fantastique

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Frank Darabont, scénariste réputé de Hollywood qui s'est forgé une carrière de réalisateur en adaptant des romans et nouvelles de Stephen King, comme ce fut le cas ici, mais aussi avec les films Les Evadés ou The Mist.

 

Qui joue dedans ?

 

Tom Hanks, qui accéda au rang de star internationale avec le rôle de Forrest Gump et qui a multiplié depuis les grands rôles pour des cinéastes renommés tels que Steven Spielberg avec lequel il collabora pas moins de quatre fois (Il faut sauver le soldat Ryan, Attrape-moi si tu peux, Le Terminal, Le Pont des espions).

 

 

Michael Clarke Duncan, acteur au physique des plus imposants qui fut surtout connu pour ses performances musclées dans Armageddon, Daredevil, Sin city ou le remake de La Planète des singes par Tim Burton. Le rôle de John Coffey lui valut une nomination bien méritée à l'oscar du meilleur acteur dans un second rôle.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

La Ligne verte est un film bien trop méconnu car il a eu la malchance de sortir quelques années après le bien plus populaire Les Évadés, déjà réalisé par Frank Darabont et adapté lui-aussi d'une œuvre de Stephen King (la nouvelle La Rédemption de Shawshank).

Et s'il est évident que Les Evadés mérite largement tous les éloges qui lui ont été faits au fil des années (il est régulièrement placé en tête des listes des meilleurs films de tous les temps selon les critiques américains), La Ligne verte n'a rien à lui envier.

 

Le film adopte donc le point de vue de Paul Edgecomb, un gardien de prison d'Alabama en pleine tourmente de la grande dépression. Une fois passée une petite introduction d'une douzaine de minutes - loin d'être aussi anodine qu'il n'y paraît - le spectateur se retrouve plongé dans l'atmosphère de chaleur moite de cet été fatidique où John Coffey fit son apparition dans la vie de Paul.

Ce géant noir si énigmatique est l'un des personnages les plus extraordinaires que Stephen King ait créé au cours de sa prolifique carrière d'écrivain. L'interprétation habitée de Michael Clarke Duncan lui donne vie d'une façon saisissante. La seule stature de l'acteur suffit déjà presque à rendre justice aux descriptions du roman, et Darabont n'a qu'à intégrer de discrets trucages à sa mise en scène pour en faire un véritable colosse.

Mais loin d'être le redoutable tueur d'enfants que l'on décrit lors de son arrivée, Coffey est un être d'une douceur et d'une innocence bouleversante. Ses rapports aux autres prisonniers et aux gardiens vont apporter un vent de changement, comme une prise de conscience du fait que les rouages bien huilées de cette antichambre de la mort pourraient bien se gripper irrémédiablement.

 

 

Le récit a l'intelligence de ne jamais faire dire à l'un des personnages que la peine de mort est un procédé barbare. Le constat est toutefois plus qu'évident lorsque l'on passe plusieurs heures en compagnie de ces gardiens de prisons assurant aussi les fonctions de bourreaux. Il y a ceux qui se contentent de faire ce travail, comme ils pourraient en faire un autre, avec toute la conscience professionnelle nécessaire, et puis il y a Percy, jeune gardien sadique qui désire par dessus tout assister à une exécution afin de satisfaire sa curiosité macabre. De même, tous les visages de l'humanité sont représentés à travers les différents pensionnaires du bloc. Certains ont commis des atrocités innommables, que rien ne pourra jamais effacer. Et pourtant tous sont humains, bien que chez certains l'humanité semble profondément enfouie. Prisonniers d'une cage à l'intérieur d'une autre cage, chacun s'efforce encore de trouver un sens à ces journées d'attente alors que s'écoulent inexorablement les ultimes semaines de son existence.

 

Paul veut éviter les vagues. En bon chef de bloc, il s'efforce de calmer les esprits lorsque la pression monte, et d'écouter les prisonniers qui ont besoin de se confier à lui. Jamais il ne lui viendrait à l'idée de remettre en cause le système qu'il sert cependant. Mais l'énigme posée par John Coffey, et en particulier les prodiges que ce dernier accomplit, vont l'obliger à revoir ses certitudes sur la marche du monde.

Tom Hanks est parfait dans ce registre de monsieur Tout-le-monde qui a toujours cherché à bien faire, mais sans sortir du cadre qu'il s'était défini. C'est le parfait miroir pour le spectateur, et il joue Paul Edgecomb avec une dignité intacte, même dans les scènes d'émotions les plus viscérales.

 

 

Le film entier est habité par une mélancolie doublée d'un douloureux espoir, que la musique de Randy Newman traduit à chaque note. Pourtant, il est loin d'être sinistre. On passe par toutes les gammes de sentiment quand on regarde La Ligne verte. Et l'on rit souvent, malgré ce sinistre décor. Car la nature humaine est telle que l'humour doit naître au plus profond des ténèbres.

 

Si le film est long, ce choix est parfaitement justifié par un montage irréprochable où chaque scène a une raison d'être. Le récit reste concentré tout du long sur Paul, prenant juste le temps nécessaire à donner corps aux autres gardiens et à chacun des prisonniers, sans aucune digression. Et lorsqu'arrive le dernier acte, l'investissement émotionnel du spectateur est tel que même les plus détachés auront du mal à ne pas essuyer une larme.

 

La Ligne verte n'a rien d'un mélodrame cependant. C'est un film qui mérite pleinement les émotions qu'il suscite, car jamais il ne se montre manipulateur, seulement honnête dans son approche directe de ses thématiques. Sa conclusion finale douce-amère est d'une parfaite justesse et ne manquera pas de hanter le spectateur, ainsi pris à partie par la question philosophique centrale du film.

Car tous, innocents et coupables, nous cheminons sur notre propre ligne verte en direction d'une destination finale aussi mystérieuse qu'inévitable.

 

Appréciation : un film délicieusement romanesque, au souffle et à l'émotion rare, porté par un scénario riche en rebondissements, des personnages forts et un puissant message humaniste.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

En raison de son sujet, et de quelques scènes de violence ou de grossièreté, le film est à déconseiller avant l'âge de 16 ans. Mais les moments de noirceur ne font que souligner les instants de grâce auquel le film accède en retour, et pour cela, ils se révèlent tous infiniment nécessaires.

Qu'il soit bien clair cependant que La Ligne verte est à déconseiller vivement aux spectateurs trop sensibles. Une scène d'exécution en particulier tournera si mal qu'elle en confinera à l'horreur.

Le film est en cela à l'image du roman de Stephen King, viscéral dans toutes les émotions qu'il provoque.

 

Verdict : à voir dès 16 ans, tout en se préparant à des scènes parfois très dures.

 

 

Romain