Le Garçon et la bête ****

Le Garçon et la bête ****

De quoi ça parle :

 

Âgé de 9 ans à peine, Ren vient de perdre sa mère. Pour ne pas être placé sous la garde de nouveaux parents, il fait une fugue et se retrouve seul en ville, sans savoir où aller. C'est alors qu'il est remarqué par un individu étrange, vêtu d'un manteau à capuchon, qui lui propose de l'accompagner. Ren va le suivre à travers une ruelle étroite conduisant dans le monde des bêtes.

C'est là qu'il sera formé par son nouveau maître : un irascible samouraï aux allures d'ours et dépourvu de toute pédagogie, nommé Kumatetsu.

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Mamoru Hosoda, réalisateur japonais qui a déjà connu un certain succès avec des films comme Summer wars et Les enfants loups dans le domaine de l'animation.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

Il y avait longtemps que l'on n'avait vu un de ces films capables tour à tour de faire rire et pleurer, de glacer d'horreur un instant, puis d'emporter leur spectateur vers les sommets de la gloire la seconde d'après. Le Garçon et la bête est de ceux-là.

Si l'histoire racontée ici aborde de nombreux thèmes différents, il s'agit en tout premier lieu d'un récit initiatique, une petite saga de deux heures couvrant huit années de l'éducation hors-norme d'un enfant humain au pays des bêtes. Et les bêtes en question sont loin d'être de simples animaux...

On sait le folklore d'extrême orient très riche en mondes surnaturels voisinant avec le nôtre. Mondes des morts, des dieux ou des bêtes, tous connectés les uns aux autres, et s'influençant à un certain niveau. C'est là un terreau fertile pour des contes modernes très riches en allégories, à l'image de ce que Hayao Miyazaki a pu nous offrir dans le Voyage de Chihiro ou Princesse Mononoke. S'il n'est pas tout à fait au niveau de ces deux modèles du genre, le Garçon et la bête tient tout à fait la comparaison avec eux.

 

 

La force du film lui vient de l'élément humain bien sûr, à savoir la relation entre Ren et Kerumatsu. Celle-ci ne correspond pas vraiment à l'archétype classique du maître et de l'apprenti, puisqu'ici les deux personnages sont traités sur un pied d'égalité, deux facettes d'une même pièce qui ont désespérément besoin l'une de l'autre. Ren va autant en apprendre de Kumatetsu que ce dernier en apprendra de lui et c'est uniquement lorsque leur relation fonctionnera à double-sens qu'elle se révélera positive.

 

Mais le propos du film ne s'arrête pas là, puisque Ren va devoir se construire de plusieurs manières tout au long du récit. Avec Kumatetsu, il trouve à la fois un ami et une figure paternelle, mais cela ne l'affranchit pas pour autant de ses propres démons intérieurs, comme de la rancœur qu'il garde vis-à-vis de son véritable père, lequel a divorcé avec sa mère quelques années avant la mort de celle-ci.

De plus, (et c'est en cela que le film accède à une vraie maturité) le récit va prendre le temps de s'interroger sur toutes les formes d'éducation nécessaires à Ren, lesquelles ne sauraient se limiter à celle offerte par un maître d'arme dans un monde des bêtes. Une fois que notre protagoniste aura gagné en maturité, il éprouvera le besoin de se réconcilier aussi avec le monde des hommes, d'en devenir acteur à part entière. Et c'est là que réside le véritable défi. Car lorsqu'on parvient à gagner le respect dans un certain milieu, il peut être tentant de se contenter de cette position et de ne pas voir au-delà. Ren est un modèle positif à part entière parce qu'il va devenir davantage qu'un guerrier. Il sera un fils, un ami fidèle, un étudiant assidu, un homme fort et sage, capable de voir plus loin que sa haine et que ses propres difficultés.

 

 

Le Garçon et la bête entraîne le spectateur dans des questionnements passionnants sur l'éducation, sur les liens familiaux, sur l'identité, sur les ténèbres intérieures et enfin sur le pardon.

Riche programme, me direz-vous, mais pourtant aucun de ces thèmes n’apparaît comme bâclé une fois arrivé au générique de fin. La fable est belle, pétrie d'une authentique sagesse qui fait chaud au cœur, et nous fait passer par des séquences absolument magnifiques sur le plan visuel et sonore. Si l'on ajoute à ça une excellente galerie de personnages secondaires, un humour qui fonctionne parfaitement et des dessins et une animation de première qualité, on arrive sans mal à la conclusion qu'il s'agit là d'un des tout meilleurs film sortis depuis ce début d'année.

Pour ceux qui auraient la chance d'avoir encore une salle le diffusant près de chez eux, il serait dommage de passer à côté.

 

Appréciation : un film d'animation de grande qualité, qui par sa grâce et la justesse de son propos peut se comparer aux œuvres de Hayao Miyazaki lui-même.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Le Garçon et la bête est un film familial, ce qui ne signifie en aucune façon que c'est un film « pour les enfants ». Il comporte des scènes violentes dans lesquelles le sang est versé, et des personnages centraux sont parfois grièvement blessés. Mais le traitement de la violence y est pertinent et maîtrisé. On le déconseillera cependant aux trop jeunes enfants (d'autant plus qu'avec ses deux heures, il est sensiblement plus long qu'un Walt Disney,) et on le recommandera plutôt à des spectateurs âgés d'au moins de dix ans.

 

Verdict : un film universel, mais qui ne dissimule pas sa violence ni la noirceur de ses enjeux. Pour des spectateurs de 10 ans et plus.