Le Territoire des loups

Le Territoire des loups

De quoi ça parle :

 

John Ottway n'a plus goût à la vie. Après avoir fui son ancienne existence, son quotidien se résume désormais à protéger les ouvriers d'un site de forage en Alaska contres les attaques d'animaux sauvages. Le climat est rude, et les journées ingrates. John se perd dans un rêve éveillé au sein duquel il s'efforce d'achever une lettre qu'il destine à son ancienne épouse, afin de trouver la paix à laquelle il aspire.

Un jour, alors que le désespoir le submerge, il s'apprête à s'ôter la vie avec son arme de service lorsqu'un cri de loup au loin l'interrompt. John y voit un signe et renonce à son geste, sans vraiment savoir pourquoi. Le lendemain, alors qu'il accompagne les ouvriers qui retournent à la civilisation en avion, un crash se produit dans une région isolée. John fait partie de rares survivants, et il est le mieux qualifié pour les guider. Mais une meute de loups affamés se met alors à les traquer et dévore les hommes les uns après les autres...

 

Date de sortie : 29/02/2012

Durée : 1h57

Genre : Drame, Aventure

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Joe Carnahan, réalisateur américain de Narc, Faceless et l'Agence tout risques.

 

Est-ce un bon film ?

 

Le Territoire des loups a beaucoup souffert de sa promotion en 2012. Ne sachant pas vraiment comment vendre ce film contemplatif sur la dépression et le sens de l'existence, les producteurs ont tout simplement décidé de monter les bande-annonces comme s'il s'agissait d'un film d'action assez idiot où Liam Neeson va combattre des loups à la force de ses poings. Et pourtant, le film est un véritable chef-d'oeuvre, un petit miracle dans le paysage du cinéma américain obsédé par les messages facilement digérables. Et une exception dans une période de la carrière de l'acteur où il était presque exclusivement associé à des rôles de justicier invulnérables.

 

 

John Ottway n'a rien d'un super-héros cependant. Il évolue dans une sphère de noirceur que nous avons tous approchée à un moment ou à un autre de nos vies, et dont il ne semble jamais devoir sortir. Il attend un signe, un changement, n'importe quoi. Si un cri de loup a suffi à interrompre sa tentative de suicide, c'est bien parce qu'il espère que quelque chose va se produire qui modifiera ce quotidien qui le détruit peu à peu. Sa prière va être exaucée d'une manière particulièrement étrange lorsque se produit cet accident d'avion qui le met à la tête d'un groupe de survivants improbables.

Voilà que John a de nouveau une raison de vivre. Ces hommes qu'il guide comptent sur lui pour les ramener chez eux en vie. Quelques heures plus tôt, John les méprisait. Il ne supportait plus leur vulgarité, leur conversations de brutes et d'incultes. Mais soudain, il se trouve obligé de les regarder dans les yeux, de leur parler et de les rassurer. Et il constate avec surprise que ces hommes lui ressemblent bien plus qu'il ne le pensait. Comme lui, ils ont des proches qu'ils aiment d'un amour sincère, et comme lui ils s'interrogent à leur niveau sur le sens de leur existence.

Est-il possible que tous aient survécu pour une raison précise ? Faut-il y voir la preuve que Dieu est de leur côté et qu'ils seront guidés jusqu'au salut ? Chaque mort perdu entre les crocs des loups contredit cette croyance. Et voilà que la tentation du désespoir revient, à mesure que le nombre de survivants se réduit.

 

 

Chacun se confie de plus en plus à mesure que le drame se noue, et le film se charge d'une bouleversante humanité. Les masques tombent toujours en période de crise majeure, et les conventions sociales cèdent la place à une honnêteté rare et précieuse.

D'aucun critiqueront les invraisemblances dans la représentation des loups eux-mêmes, vus ici comme des monstres de conte de fée, énorme et aux yeux luisants. Mais ce serait faire un faux-procés au film. Les loups ne sont pas filmés ici comme ils le seraient dans un documentaire, car on le voit comme des gens épuisés et aux abois les verraient. Le film ne bascule jamais dans l'horreur cependant et garde les deux pieds fermement plantés dans le drame et le survival existenciel. Comme souvent, Liam Neeson y est fabuleux, porteur d'une force et d'une vulnérabilité évidentes. La mise en scène est irréprochable, soutenue par une musique minimaliste mais très efficace de Marc Streintenfeld. Et la fin ne manquera pas de hanter tous les spectateurs qui s'interrogent à leur niveau sur leur propre rapport à la vie et à la mort.

 

Chacun rentrera chez lui et opportant au moins ce poème qui résume l'ensemble du film, quelques lignes transmises au personnage de John Ottway par feu son père :

 

Une dernière fois dans l'arène.
Le dernier combat de ma vie.
Vivre et mourir en ce jour.
Vivre. Et mourir. En ce jour.

 

Appréciation : très beau drame existenciel traitant avec justesse un sujet qui tient d'ordinaire à distance les grands producteurs hollywoodiens, le Territoire des loups est l'un des films les plus puissants de cette décennie.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Vu les thématiques abordées, et la violence bien présente dans le scénario, le film est à déconseiller aux spectateurs de moins de 14 ans.

 

Verdict : à voir à 14 ans et plus.

 

 

 

 Romain