Les Huit salopards **
De quoi ça parle ?
Au cœur d'un hiver particulièrement rigoureux, peu après la guerre de sécession, un chasseur de prime et sa prisonnière se retrouvent retranchés avec un assortiment d'individus particulièrement louches dans une auberge-relais coupée du monde.
Très vite, il apparaît qu'au moins l'un des clients de l'établissement est le complice de la criminelle. Des alliances se créent et chacun soupçonne tout le monde. Tôt ou tard, les revolvers feront parler la poudre.
Sortie : 6 janvier 2016
Genre : Western, Huis-clos
Qui l’a fait ?
Quentin Tarantino, qu'on ne présente plus et dont il s'agit du huitième film après Reservoir dogs, Pulp Fiction (Palme d'or 1994), Jacky Brown, Kill Bill, Boulevard de la mort, Inglorious Basterds et Django Unchained.
Est-ce un bon film ?
Après un impressionnant palmarès et deux derniers films qui comptaient parmi ses tous meilleurs, il est dommage de constater une nette baisse de forme du réalisateur avec ces Huit salopards.
On y retrouve à peu près toutes les marques de fabrique de QT pourtant : les dialogues truculents étirés sur des scènes entières, les personnages hauts en couleur ayant tous un code moral des plus particuliers, les explosions de violence soudaine qui ne manquent jamais de choquer, les questionnements ambigus sur le bien et le mal.
Mais cette fois, quelque chose manque indubitablement et le film ne parvient jamais tout à fait à convaincre, jamais tout à fait à nous emporter comme pouvait le faire la glaçante scène d'ouverture de Inglorious Basterds ou le suspense presque insupportable des scènes à Candyland dans Django unchained.
L'intrigue en huis-clos se prêterait parfaitement à des effets de surprise dignes d'un polar et le spectateur attend sans cesse des retournements scénaristiques qui ne viennent jamais, ou bien qui se produisent sous une forme plus plate que ce que l'on avait anticipé.
Plus gênant encore, les fameux personnages à la Tarantino peinent à se montrer aussi mémorables que leurs prédécesseurs, et la présence de plusieurs de ses acteurs fétiches contribue d'autant à rappeler au spectateur qu'il a déjà vu ces visages sur des figures autrement plus marquantes.
Au final, on ressort de ce film un peu frustré de ne pas ressentir la maestria passée de Tarantino, et le sentiment de déception ne fait que s'accroître à mesure que l'on gagne en recul sur la chose. Reste l'impression d'avoir vu non-pas un film mais une pièce de théâtre s'efforçant d'adopter le style Tarantino sans en avoir tout à fait les moyens.
Même les modestes Jacky Brown ou Boulevard de la mort faisaient plus forte impression.
Appréciation : une semi-déception pour un Tarantino bancal dont on regrettera qu'il ne soit pas à la hauteur de ses ambitions.
C’est pour quel public ?
Il est essentiel de noter que les films de Quentin Tarantino soit à déconseiller fortement aux mineurs de moins de 16 ans. Ils sont d'un cynisme total, d'une violence volontairement outrancière et évoquent des sujets comme le racisme ou la sexualité sans prendre de gants, à travers des personnages souvent méprisables.
Celui-ci ne fait pas exception, et il contient certaines des scènes les plus choquantes de la filmographie de son réalisateur. Viols, mutilations et tortures font partie du quotidien des protagonistes de ce film.
Verdict : une œuvre d'un cynisme et d'une violence rare, malsaine à bien des égards. A réserver aux spectateurs très avertis.
