Les Saisons *

Les Saisons *

De quoi ça parle ?

 

En Europe, voici la longue épopée des animaux des forêts depuis la fin de l'âge de glace jusqu'à nos jours. Cervidés, loups, rongeurs, rapaces, oiseaux migrateurs, chevaux sauvages, sangliers, lynx... Tous luttent pour leur survie et participent à un équilibre quasi-immuable que seul l'influence grandissante de l'homme pourrait venir perturber.

 

 Bande-annonce 

 

Sortie : 27 janvier 2016

Genre : Documentaire animalier

 

Qui l’a fait ?

 

Jacques Perrin, qui avait déjà réalisé Océans et Le Peuple migrateur.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

On passe par plusieurs états émotionnels quand on visionne un film comme Les Saisons.

La première impression c'est qu'on se trouve une fois de plus devant une superbe collection d'images de la nature. Jacques Perrin a déjà prouvé sa maîtrise dans ce domaine, et on retrouve son sens du cadrage et de l'esthétique tel qu'on avait pu l'aprécier dans Océans et dans le Peuple migrateur. Les scènes qu'il capture avec sa caméra ont effectivement quelque chose d'intemporel et on peut dire que de ce point de vue là, le pari est réussi.

 

 

Mais au bout de quelques minutes, on commence à s'interroger sur l'autenticité des moments ainsi dépeints. On assiste à des pseudo scènes de chasse, avec prédateurs et proies filmés sous tous les angles. Au détour d'une clairière, on voit un sanglier s'enfuir devant une meute de loup. Mais étrangement jamais sanglier et loups n'apparaissent sur un seul et même plan. Alors que la caméra se fixe sur un tertre, une magnifique chouette harfang se pose pile dessus sous nos yeux ébahis. Si on réfléchit quelques instants aux questions de mise en scène, il faut se rendre à l'évidence. Les Saisons n'est pas un documentaire à proprement parler.

C'est une oeuvre de fiction, avec des animaux dressés utilisés en guise d'acteurs. En partant de ce nouveau point de vue, on peut se demander s'il n'y a pas une légère tromperie sur la marchandise. Un film comme celui-là prétend après tout nous offirir de l'authenticité dans un monde trop souvent futile, et le fait est qu'il s'agit plutot d'un patchwork de scènes animalières sans lien les unes avec les autres, mais montées de sorte à suggérer une continuité. Le résultat, s'il est toujours esthétique, frise parfois dangereusement le kitch avec des passages qui ressemblent à des scènes d'un Walt Disney réalisées en live.

 

Mais ceci serait encore acceptable s'il n'y avait aussi le message central, à savoir l'impact de l'homme sur les écosystèmes. Et malheureusement, ce message légitime est loin d'être traité avec la délicatesse nécessaire. Les hommes préhistoriques entrevus dans les premières scène cèdent ainsi la place à des romains, des chevaliers puis des chasseurs à courre aux costumes proprets qui semblent sortir tout droit d'un spectacle du Puits du fou. La voix off nous assène son message de morale, juste au cas où les images ne seraient pas suffisantes. Et pendant ce temps, les spectateurs s'efforcent de prendre un air contrit, montrant à quel point nous regrettons l'irresponsabilité de l'espèce humaine.

Fait avec finesse et poésie, le film aurait pu véhiculer son message sans même avoir à l'exprimer verbalement. Tel qu'il est produit ici, il donne l'impression de regarder un long spot de sensibilisation. Et malheureusement, cela n'en fait pas une oeuvre cinématographique de qualité.

 

Appréciation : un spectacle agréable, mais assez creux, gâché par une morale trop lourde et une certaine maladresse.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Les enfants sont évidemment les premiers visés ici. Il y a profusion non-seulement d'animaux mais aussi de bébés tous plus adorables les uns que les autres, les scènes de mise à mort sont à peine suggérées et la morale proprette est assez lourdement assénée pour que même les plus jeunes puissent la comprendre. Un spectacle tout ce qu'il y a de plus famillial.

 

Verdict : une oeuvre pour tous, avec les longueurs propres à ce genre de documentaire.

 

 Romain