L'Homme qui tua Don Quichotte

L'Homme qui tua Don Quichotte

De quoi ça parle :

 

Dans l'aride campagne espagnole, Toby, un jeune réalisateur autrefois prometteur, n'est plus qu'un exécutant cynique chargé de mettre en scène des publicités à la chaîne. Pris d'une soudaine inspiration, il abandonne son tournage en cours pour se rendre dans un village voisin où il réalisa autrefois son film d'étudiant L'Homme qui tua Don Quichotte. Le vieux cordonnier qui joua autrefois pour lui le célèbre chevalier errant est toujours en vie, et croit dur comme fer qu'il est véritablement Don Quichotte. Dans son délire, il considère Toby comme son écuyer Sancho Pansa, et tous deux vont être entraînés dans une série d'aventures fantasmagoriques où les murs de la réalité vont se fissurer.

 

Date de sortie : 19/05/2018

Durée : 2h12

Genre : Drame, Fable

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Terry Gilliam, l'un des membres fondateurs de la célèbre troupe de comiques anglais les Monty Python, réalisateur de Sacré Graal, Brazil, L'Armée des 12 singes, Les Aventures du baron de Munchausen, etc.

 

Est-ce un bon film ?

 

La carrière de Terry Gilliam a quelque peu perdu en éclat au cours des vingt dernières années. Des films comme Les Frères Grimm, L'Imaginarium du docteur Parnassus ou encore Zero théorem n'avaient pas manqué de décevoir de la part d'un réalisateur autrefois tellement visionnaire. Pourtant, en dépit de ces écarts, le projet Don Quichotte demeurait étrangement alléchant. Film maudit de la filmographie du plus étrange des Monty Python, cette fable n'avait jamais pu être achevée en dépit de multiples tentatives. Le tournage du début des années 2000 auquel étaient associés Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis n'avait pu être achevé, et seul le documentaire Lost in la Mancha avait permis d'en apprécier les images.

 

 

Il est donc étrange et un peu intimidant de voir enfin une version achevée de l'Homme qui tua Don Quichotte. La déception semblait inévitable, et pourtant il n'en est rien. Car il s'agit là du meilleur film de Terry Gilliam depuis l'Armée des 12 singes en 1995, et un qui renoue avec toutes ses obsessions et apparaît presque comme une œuvre testament.

On retrouve soudain la fantasmagorie assumée du Baron de Munchausen, cet amour absolu pour les fous et les rêveurs que l'on trouvait aussi dans Fisher King, cette fibre romantique désespérée qui était au centre de l'Armée des 12 singes et cette volonté de voir le monde comme un lieu emprunt d'une magie absurde mais bien palpable.

 

Ce vieillard magnifique et pathétique dont Toby a à la fois brisé la vie et révélé la véritable nature, c'est Terry Gilliam lui-même. Tout comme il est ce jeune réalisateur qui a glissé dans le cynisme et peine à se souvenir de l'artiste qu'il a été. Le roman de Cervantès n'est pas adapté à l'écran ici. Il est le tremplin narratif d'un récit radicalement différent, mais où l'esprit du personnage de Don Quichotte est parfaitement respecté. Il y a une grandeur tragique dans les vieux rêveurs vivant au sein de monde qui ont oublié les valeurs qu'ils défendent. Dans leur ridicule, ils peuvent devenir des héros plus mémorable que les chevaliers qui les ont inspirés.

 

Appréciation : grand retour de Terry Gilliam au sommet de sa forme, l'Homme qui tua Don Quichotte est un conte moderne et universel sur une figure indémodable.

 

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Terry Gilliam est un rêveur mais son traitement de son sujet est destiné aux adultes et aux adolescents. Son message sur la vieillesse et la descente dans la folie est traitement avec une certaine légèreté, mais n'intéressera de toute façon guère les plus jeunes. À ne pas recommander avant 14 ou 15 ans.

 

Verdict : A voir à partir de 14 ans.