Room ***

Room ***

De quoi ça parle :

 

Joy et son fils Jack, cinq ans, passent toutes leurs journées ensemble depuis la naissance du petit garçon. Leur univers se limite à la pièce blindée de 8 mètres sur 8 dans laquelle ils sont continuellement enfermés par un homme qu'ils appellent « Vilain Nick ». Celui-ci vient seulement le soir pour passer la nuit avec Joy et repart le lendemain. Jamais la jeune femme ne le laisse approcher de son fils.

Pour ce dernier, le monde extérieur n'est qu'une chimère ; rien de ce qu'il voit sur les images de la télévision n'a d'existence concrète. Jack est heureux à sa manière, satisfait de passer tout son temps avec sa mère.

Mais maintenant qu'il devient plus grand et plus débrouillard, Joy commence à voir en lui leur meilleur chance d'échapper à « Vilain Nick » et de quitter enfin l'univers de la Chambre.

 

Genre : drame psychologique, thriller

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Lenny Abrahamson, qui avait déjà réalisé Frank en 2014.

 

Qui joue dedans ?

 

Brie Larson, l'actrice de States of Grace et The Spetacular now récompensée pour son rôle dans Room de l'oscar de la meilleure actrice.

 

 

Jacob Tremblay, dont il s'agit de la première apparition au cinéma.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

Remarquable construction que celle de Room. En adoptant d'entrée de jeu le point de vue de ce petit garçon qui n'a jamais quitté la pièce dans laquelle sa mère l'a mis au monde, le réalisateur donne un éclairage tout à fait unique à une situation profondément dramatique. Car Jack n'a pas de point de comparaison, pas de norme à laquelle comparer sa curieuse existence. Sa candeur et son innocence sont le cœur du film, tout comme sa relation privilégiée avec cette mère dont il n'a jamais été séparé un seul instant.

 

On pourrait redouter qu'avec un pareil sujet, le film soit sinistre, voire à peine tolérable dans la noirceur, mais il n'en est rien. La captivité de Joy est représentée de façon directe, mais sans aucun misérabilisme. Le fait qu'elle soit réduite à un statut d'objet sexuel n'est pas ignoré, sans que cela ne nécessite la moindre scène démonstrative. C'est le point de vue de Jack qui reste essentiel dans tous les domaines, et lui ne juge pas. Il connaît des moments de joie et de tristesse, comme tous les enfants.

 

 

La performance de Brie Larson est très juste. On peut dire qu'elle n'a pas volé son oscar, mais le spectateur sera presque étonné qu'elle soit celle qui reçoive la récompense suprême tant c'est le petit Jacob Tremblay qui retient toute l'attention. Il est d'une justesse absolue dans chacune de ses scènes, et le courage inouï dont fait preuve son personnage dans ses tentatives de libérer sa mère est touchant parce que l'interprétation du petit acteur est parfaitement crédible dans les moindres nuances. On peut en cela féliciter le réalisateur, car diriger un enfant si jeune pour un rôle aussi crucial n'est pas une tâche aisée.

 

Le propos du film est très juste, et le message qu'il porte se révèle salutaire. Quelle que soient les épreuves que l'on traverse dans nos vies, le salut repose en nos liens avec les autres. L'usage du mythe de la caverne de Platon est aussi une belle idée, tant le concept d'un monde se réduisant à une seule pièce est utilisé ici en profondeur. Par la poésie et l'émotion qu'il dégage, le film oscille entre le drame et un curieux conte de fée. Comme tous les vraies contes, il y a de la noirceur bien sûr, mais pour un enfant qui n'a pas de référence propre à notre monde, rien ne semble vraiment insurmontable.

 

Appréciation : un film au concept fort, qui va au fond des choses sans jamais user d'effets gratuits, et dont les moments d'émotion respirent l'authenticité.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Le film est tout à fait regardable dès l'âge de 14 ans, car la violence physique ou psychologique est traitée à travers le prisme de l'enfance. Mais le propos et les non-dits ne résonneront vraiment avec le spectateur qu'à partir de 16 ans.

 

Verdict : un drame psychologique traité avec justesse et abordable par les adolescents, pour peu qu'ils désirent découvrir cette étrange histoire qui n'est ni l'affaire des adultes ni vraiment celle des enfants.

 

 

Romain