
Sauvages *

De quoi ça parle :
Au fin fond des montagnes de Pyrénées, de nos jours, un couple d'anglais vit au fond d'une tanière, sans rien d'autre à sa disposition que des outils rudimentaires. L'épouse ne peut sortir à l'air libre sans éprouver de terribles crises de panique. Le mari s'efforce de rapporter de l'eau, de la nourriture et de pourvoir à tous ses besoins.
Une obscure tristesse les unit tous deux, et le malaise grandit au sein de cet étrange couple. Le jour où John doit se rendre dans un village pour trouver des médicaments pour Karen, un homme le reconnaît et lui offre son aide. Il n'y a pas si longtemps, il était leur voisin, lorsqu'ils vivaient encore dans une ferme isolée de la région en compagnie de leur jeune fils.
Date de sortie : 06/04/2016
Genre : Drame, Fable philosophique
Durée : 1h45
Qui l’a fait ?
Tom Geens, réalisateur britanico-belge dont c'est le premier film notable.
Qui joue dedans ?
Paul Higgins, apparu dans un certain nombre de séries anglaises telles que The Wrong Mans, Utopia, Les Enquêtes de Véra, etc...
Kate Dickie, qu'on a pu voir ces dernières années dans la série Game of thrones, dans Prometheus de Ridley Scott et dans Not another happy ending.
Est-ce un bon film ?
Pas tellement en définitive.
Si la situation de départ de ce couple revenu à l'état de nature peut intriguer, notamment par sa dimension symbolique, et les références au livre de la Genèse (lesquelles sont loin de se limiter à la seule affiche du film), il apparaît bientôt évident que le film n'a pas vraiment de direction précise dans son déroulé et que l'intrigue se limite à suivre les allées et venues du personnage de John, tandis qu'il s'efforce de veiller sur sa femme tout en l'invitant à reprendre contact avec le monde extérieur.
Cette confrontation entre le monde moderne et une montagne encore sauvage empreinte d'une mystique intacte aurait pu être forte, mais les états d'âmes des personnages sont le seul aspect traité ici, et force est de constater qu'on n'arrive jamais vraiment à croire à cette histoire abracadabrante. Inutile d'entretenir le suspense, c'est le chagrin du deuil qui enchaîne ce couple à un trou au fond des bois. Jamais aucune explication satisfaisante ne nous est données pour cet état de fait, si ce n'est que Karen a été traumatisée à tel point par la mort de son fils qu'elle est maintenant incapable de vivre ailleurs que dans une caverne.
Apparemment, il s'agit là de choses qui arrivent...
Et personne ne s'est jamais inquiété de leur sort jusque là hormis leurs anciens voisins qui se contentent de les observer de temps en temps, quand ils ont la chance de les croiser, comme on assiste à une apparition de Big foot.
Dès que cette vérité est établie avec certitude, la petite suspension d'incrédulité que le spectateur a bien voulu accorder au film jusque là s'effondre et avec elle tout enjeu dramatique. Peut-être est-ce le cas aussi pour le réalisateur, car son dernier acte tourne tellement au grotesque qu'on a peine à voir comment il pouvait espérer susciter la moindre émotion chez son public. On se souviendra longtemps de l'absurdité totale de l'image de fin.
En résumé, une fable ratée portée par deux acteurs talentueux gaspillés dans des situation ridicules, et dont la prétention se révèle rapidement évidente.
Appréciation : l'exemple même du film d'art et d'essai totalement déconnecté de toute notion de divertissement ou de dramaturgie. Au mieux peu concluant. Au pire, d'un ennui mortel et d'une prétention confinant parfois à la bêtise.
C’est pour quel public ?
Le film est regardable par des adolescents à partir de 12 ans, car ses contenus choquants se limitent à de rares moments de violence, sans effets graphiques ni complaisance. Mais on voit mal des jeunes adolescents prendre le moindre plaisir à voir ce long pensum qui ne séduira guère que de rares adultes en demande de retour à la nature. A ceux-là toutefois, on recommandera plutôt de regarder Into the wild de Sean Penn.
Verdict : pour adultes et adolescents, adeptes de lenteur, de non-dits sans réelle profondeur et de paysages pyrénéens.
Romain