The Boy *

The Boy *

De quoi ça parle :

 

Greta, jeune américaine un peu perdue, vient de débarquer en Angleterre afin de postuler pour un emploi de gouvernante. L’annonce à laquelle elle a répondu la conduit dans un manoir isolé où réside un couple d’un certain âge. Ceux-ci vivent seuls avec leur fils Brahms qu’ils comptent laisser sous la garde vigilante de Greta. Mais, l’affaire prend un tour pour le moins inattendu lorsque la jeune femme fait la connaissance de l’enfant, car celui-ci est en fait une poupée grandeur nature.

 

Qui l’a fait ?

 

William Brent Bell, spécialisé dans l'horreur, il avait déjà réalisé (le très raté) Devil inside

 

Qui joue dedans ?

 

Lauren Cohan, surtout connue pour avoir joué dans la série The Walking dead.

 

 

Rupert Evans, qu'on a pu voir dans Hell boy ou Agora.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

The Boy a un excellent postulat de départ. L’atmosphère lourde établie dès les premières minutes fonctionne agréablement et le mystère propre à cette étrange famille accroche le spectateur de manière tout à fait naturelle.

Les amateurs de cinéma d’épouvante savent toutefois que l’écriture et la mise en scène dans ce genre cinématographique sont délicates, et qu’un bon début ne signifie par forcément un film satisfaisant. L’équilibre est particulièrement fragile lorsqu’il s’agit d’histoires mettant en scène des poupées hantées. Si jamais les effets sont trop appuyés dans la première partie du film, l’ensemble peut rapidement virer au ridicule. Mais à l’inverse, s’il n’y a pas suffisamment de raisons de craindre pour la sécurité des personnages, c’est l’ennui qui s’installe.

Or The Boy réussit remarquablement bien à mettre en place son intrigue et à semer le trouble par petites touches. Le spectateur se montrera donc indulgent pour les rares facilités utilisées. Ainsi, on n’échappe pas au vieux poncif des effets tape-à-l’œil suivis aussitôt après d’un réveil brutal de l’héroïne (« ouf ce n’était qu’un cauchemar »). Et pour ne rien arranger, le réalisateur a recours à cette ficelle éculée non pas une mais deux fois !

 

 

Toutefois, on a envie d’y croire malgré tout jusqu’à la moitié du film. Pour ma part, je cultivais même l’espoir d’avoir trouvé là un titre méritant un achat en Blu-ray. Hélas, j’ai commencé à déchanter lorsque les réactions de l’héroïne m’ont tout à coup semblé totalement invraisemblables. On sait pourtant que c’est là un des points essentiels d’un bon film d’épouvante. Si on ne comprend plus les réactions des personnages, si on est certain que n’importe qui aurait une attitude radicalement différente, le film est déjà fichu.

Sans trop en dire, vient le moment où l’héroïne a une démonstration éclatante qu’il se passe quelque chose de terrifiant dans cette maison où elle est seule en compagnie du pantin. Et sa réaction n’est pas, comme on pourrait s’y attendre, de fuir les lieux le plus vite possible. Elle reste pour en avoir le cœur net.

Et c’est l’instant où il n’y a plus qu’un seul mot à dire.

Non.

Non, non, non, non, non.

Personne dans sa situation ne resterait un instant de plus dans cette maison. C’est là le problème numéro un des films d’horreur des années 80, un problème qui a d’ailleurs été souligné maintes et maintes fois (notamment dans Scream, satire bien connue du genre). Cinéastes, si vous voulez que vos héros restent dans un lieu isolé alors qu’ils ont la preuve qu’il s’y passe des choses étranges ou surnaturelles, donnez leur une raison en béton armé ! Car si l’on ne peut pas comprendre leurs motivations, on ne peut plus s’identifier à eux, et la tension dramatique s’effondre totalement.

 

 

À ce stade déjà, le film devient dangereusement bancal, mais à mesure que le propos devient moins subtil, les maladresses vont s’accumuler et le dernier acte vire franchement au ridicule. L’idée dissimulée dans le scénario n’est pas mauvaise (quoique pas si originale, dans la mesure où elle est reprise d’un autre film d’épouvante relativement récent), mais sa justification ici n’est pas convaincante. Et encore une fois, les réactions de l’héroïne ne tiennent pas, et donnent lieu à des passages particulièrement grotesques. Au final, les dernières scènes sont d’une banalité absolue et laissent au spectateur une impression de futilité et de frustration.

 

Alors non, The Boy n’est pas encore le film d’épouvante qui lancera l’année 2016 sur de bonnes bases. Hélas.

 

Appréciation : un film à l’excellent point de départ mais qui s’égare en route pour sombrer au final dans le ridicule.

 

 

C’est pour quel public ?

 

The Boy n’est pas un film « d’horreur » au sens où on l’entend. Il n’a que peu de scènes violentes au final, et la violence n’y est d’ailleurs jamais très graphique. Pas non-plus de scène de nudité ou d’érotisme au programme. En revanche, l’atmosphère lourde confine souvent au malsain et le film est à déconseiller fortement avant l’âge de 14 ans.

 

Verdict : un film d’épouvante plus proche du thriller que de l’horreur, pour adultes et grands adolescents.