The Revenant ***

De quoi ça parle :

 

Au cours d’une expédition dans le grand nord, un groupe de trappeurs est décimé par une tribu indienne. Les rares survivants s’échappent de justesse, guidés par Hugh Glass, un pisteur de grand renom. Peu après, celui-ci est grièvement blessé par un ours, et la décision est prise de le laisser sur place, sous la garde de John Fitzgerald, un homme jugé comme l’un des plus fiables de la troupe. Mais ce dernier – qui ne porte guère Glass dans son cœur – va préférer l’abandonner à son sort.

Le trappeur survit à ses blessures cependant, et entame un voyage parsemé d’embûches pour retrouver Fitzgerald et se venger de lui.

 

Date de sortie : 24/02/2016

Genre : western, aventure, survival

 

Bande-annonce

 

Qui l’a fait ?

 

Alfonso Gonzalez Iñárritu , réalisateur mexicain ayant déjà dirigé les films 21 grammes, Babel et Birdman.

 

Qui joue dedans ?

 

Leonardo DiCaprio, qui a fait bien du chemin depuis le lancement définitif de sa carrière avec Titanic en 1998, puisqu’il est l’égérie de Martin Scorcese depuis une quinzaine d’années (Gangs of New York, The Aviator, Shutter island, Le Loup de Wall Street), et qu’on a pu le voir dans Inception de Christopher Nolan et Django unchained de Quentin Tarantino.

 

 

Tom Hardy, omniprésent cette année avec les films Legend, Mad Max Fury road et Enfant 44.

 

 

Domnhall Gleeson, connu pour la comédie romantique Il était temps, et que l’on a vu récemment dans Ex Machina et Star wars – Le Réveil de la Force.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

Dès 2015, les premières images de The Revenant avaient fait sensation et une forte attente s’était formée autour du nouveau film d’Alfonso Gonzalez Iñárritu. Il faut dire que ses œuvres précédentes n’avaient laissé personne indifférent et lui avaient valu plusieurs nominations aux oscars.

 

On retrouve dans The Revenant à peu près tout ce qui fait la force du cinéma du réalisateur mexicain, à commencer par une maîtrise de chaque instant dans la mise en scène. Iñárritu est un amoureux de l’image qui consacre énormément de temps et d’efforts à ses cadrages millimétrés. Comme toujours avec lui, les plan-séquences impressionnants sont légions, notamment celui qui se trouve vers le tout début du film pendant l’attaque des Indiens sur le campement des trappeurs. On a peine à croire que l’équipe de tournage ait pu se donner le mal nécessaire à orchestrer un pareil morceau de bravoure. La caméra virevolte d’un personnage à un autre, nous permettant d’assister à la mort d’un trappeur avant de suivre son assassin jusqu’à ce que lui-même trouve une fin brutale, et ainsi de suite, le tout avec des trucages totalement convaincants de sorte qu’on a rarement eu à ce point l’impression de vivre une véritable bataille au cinéma. Jamais la caméra ne se perd en secousses artificielles. Tout demeure absolument limpide, même dans les séquences les plus extrêmes.

 

 

L’esthétisme du film est tout aussi remarquable dans la façon dont il représente la nature. Chaque paysage y est somptueux, Iñárritu trouvant toujours un angle ou une lumière pour mettre en valeur les environnements qu’il traverse.

 

Les effets spéciaux enfin sont parfaitement utilisés, de sorte qu’on verra ici des animaux totalement convaincants, en particulier le grizzly qui infligera ses blessures à Glass. Le réalisme cru avec lequel le film dépeint la violence sous toutes ses formes lui donne une résonance toute particulière. Cette scène extrêmement éprouvante en est l’exemple le plus frappant.

 

Techniquement et visuellement donc, le film est un sans-faute et constituera une nouvelle référence du genre. L’interprétation est également de premier ordre. On voit mal comment Leonardo DiCaprio pourrait ne pas décrocher l’oscar cette année quand on voit tout ce qu’il s’inflige pour rendre crédible le calvaire de son personnage. Sa prestation est irréprochable, tout comme celle du toujours excellent Tom Hardy. Les seconds rôles aussi sont tous à la hauteur.

 

 

Pourtant, le film pourra en décevoir certain. Une fois dépouillé de tous ses oripeaux, force est de constater qu’il s’agit d’une histoire de vengeance somme toute très classique. Et là où la fin aurait pu apporter une nuance intéressante, on tombe dans une pirouette peu inspirée et des effets de style pas forcément très pertinents (l’utilisation d’un regard face caméra en toute dernière image paraît un peu creuse dans le contexte de l’ensemble).

 

Reste cependant le survival en lui-même, car c’est bien de cela qu’il est question ici. En montrant son personnage survivre à une telle somme d’épreuves, quitte à y perdre un peu de son humanité au passage, le réalisateur semble nous dire qu’il n’y a pas de limite à la volonté humaine. Par ses moments d’introspection et de contemplation, il cherche visiblement à donner une grâce intemporelle au parcours de son héros, d’une façon qui rappelle parfois le cinéma de Terence Malik. Mais les clés pour comprendre la transcendance auquel aspire le film ne sont jamais transmises au spectateur, lequel devra trouver sa propre morale dans ce qui n’est au final qu’une longue poursuite assez linéaire.

 

Devant cette esthétique sublime et la froideur des échanges humains, on ne peut que ressentir une impression d’aridité assez désespérante qui n’élève pas tant l’âme qu’elle la retourne comme un crêpe. En sortant de la salle, on ignore toujours pourquoi on a enduré toutes ces épreuves en compagnie de Hugh Glass, et on n’emporte même pas le souvenir d’une image poétique et évocatrice afin de nous recentrer sur le positif. Le cinéma d’Iñárritu est trop énigmatique et trop rude pour cela. Comprenne qui pourra.

 

Appréciation : un film esthétiquement sublime, à l'interprétation fiévreuse, mais limité dans sa portée par trop de distance avec ses personnages.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Le film est d’une grande violence, et il ne ménage jamais le spectateur. Sa façon d’aborder les confrontations physiques ou verbales entre les différents personnages glisse régulièrement vers un cynisme des plus désespérants, sans jamais donner de clés morales au spectateur, ou l’espoir d’une finalité apaisante.

En cela, on ne saurait le recommander avant au moins l’âge de 16 ans.

 

Verdict : pour adultes et adolescents au cœur bien accroché

 

 

Romain