The Witch ** et 1/2

De quoi ça parle :

 

En 1630 en Nouvelle-Angleterre, une famille de colons est bannie de la petite communauté dans laquelle elle s’est implantée, en raison de ses positions religieuses. Contraints à s’installer dans une contrée encore sauvage et inexplorée, parents et enfants ressentent bientôt l’influence d’une force démoniaque cachée au plus profond de la forêt.

À mesure que les signes de la présence d’une sorcière se multiplient, les tensions et dissensions au sein même de la famille ne font que s’accroître…

 

Genre : Fantastique, Épouvante

Durée : 1h32

Date de sortie : 15/06/2016

 

 Bande annonce 

 

Qui l’a fait ?

 

Robert Eggers, réalisateur américain dont il s’agit du premier long métrage.

 

Qui joue dedans ?

 

Ralph Ineson, un acteur anglais habituellement cantonné à des tous petits rôles dans des films comme From Hell, Les Gardiens de la galaxie ou les trois derniers Harry Potter, et qu’on a vu aussi dans quelques épisodes de Game of thrones.

 

 

Kate Dickie, actrice écossaise également apparue dans Game of thrones et qu’on a pu voir aussi dans Prometheus ou plus récemment dans Sauvages.

 

 

Est-ce un bon film ?

 

Plutôt, oui.

Il y a quelques mois, The Witch a retenu l’attention du public de festival de Sundance et après visionnage, on comprend vite les raisons de son succès. Le film est très maîtrisé sur le fond comme sur la forme, et son style tranche radicalement avec toutes les productions horrifiques de ces dernières années.

 

Le film traite de la sorcellerie de façon frontale, en embrassant totalement le folklore propre à cette période dans cette région du monde. Tout baigne dans une atmosphère rappelant le procès des sorcières de Salem, avec au cœur des enjeux la question lancinante de savoir si un ou plusieurs membres de cette famille isolée sont déjà tombés sous la coupe du Démon. Cela permet d’instaurer très vite un climat pesant d’angoisse et de suspicion.

 

La mise en scène, esthétisée parfois au point d’évoquer des tableaux de l’école flamande, soigne ses effets, refusant autant que possible le recours à des recettes faciles. Le réalisateur prend le temps d’instaurer le malaise avant de déclencher chaque nouvel incident. La peur se cache ainsi à chaque détour de cette ferme perdue, prenant parfois la forme d’un bouc bien ordinaire, dont les enfants prétendent pourtant qu’il leur murmure des chansons blasphématoires, ou celle d’un lièvre aux regard pénétrant qui ne semble pas fuir devant les chasseurs.

 

 

Le film traite principalement des relations au sein de la famille de colons cependant, et pointe du doigt les mille hypocrisies qui se cachent derrière sa piété apparente. Le bonheur n’est plus le but de ces gens depuis longtemps ; survivre voilà ce qui préoccupe les parents comme les enfants, de sorte que tous s’éloignent les uns des autres sans nécessairement en avoir conscience.

Telle est la faille que va exploiter la mystérieuse sorcière, et les ravages qu’elle inflige à ses victimes semblent presque une punition du ciel, comme une plaie biblique lancée sur ceux qui ont perdu de vue le véritable sens du sacrifice du Christ.

 

Dans les influences perceptibles, on retiendra Le Village de Night Shyamalan pour l’atmosphère d’isolement et de superstition craintive, mais aussi d’autres films traitant de l’influence du Diable comme le classique The Wicker man.

 

Appréciation : un film au ton original qui renouvelle appréciablement le paysage du cinéma d’épouvante.

 

 

 

C’est pour quel public ?

 

Le film est davantage un thriller surnaturel qu’un film d’horreur à proprement parler, mais il compte plusieurs scènes assez perturbantes de sorte qu’il convient d’en écarter tout spectateur de moins de 14 ans, et au-delà de cet âge tout spectateur un tant soit peu impressionnable.

De plus, d’aucuns pourront trouver choquant d’aborder de façon frontale la question de la sorcellerie en dépeignant une sorcière purement maléfique, ce qui valide d’une certaine façon les procès en sorcellerie de cette époque. Mais le film adopte le point de vue du folklore et se montre ainsi cohérent dans sa démarche. On notera également que les personnages « punis » par l’intrigue ne le sont pas en raison de leur foi, mais plutôt en raison de la vision dévoyée qu’ils en ont. On est donc ici face à une fable noire sur la façon dont le mal peut s’insinuer au sein même d’une famille qui se veut pieuse mais ne l’est pas vraiment.

Le propos est très sulfureux cependant, et ne doit pas être pris à la légère.

 

Verdict : à ne pas montrer avant 14 ans pour les spectateurs les plus aventureux, tout en prenant en compte que l’horreur frappe ici une famille, y compris des enfants très jeunes.

 

 

Romain