Toto et ses soeurs ****

Toto et ses soeurs ****

Ça parle de quoi ?
 

Avec Toto et ses sœurs, l’écran se transforme en une fenêtre sur un autre monde. Celui d’un jeune garçon, Toto, et de ses deux grandes sœurs qui grandissent bon an, mal an, dans une banlieue roumaine, le père disparu, la mère en prison. Alexander Nanau se fait si bien oublier derrière sa caméra qu’il semble ne pas être là, ou bien qu’il semble s’agir d’une fiction dont les  acteurs sont époustouflants de sincérité. Loin du constat terrible d’une pauvreté qui appelle aux dons, ce documentaire nous rend simplement témoins du quotidien d’une fratrie étonnante où complicité et amour se développent malgré le chaos matériel et sentimental environnant. Les deux sœurs veulent à tout prix conserver l’unité de leur famille, et semblent prendre sous leurs ailes ce petit garçon débordant de joie de vivre qu’est Toto – si ce n’est pas son insouciance qui maintient les deux sœurs à flot. Quoi qu’il en soit, la jeunesse des trois êtres abandonnés à eux-mêmes abonde; elle est là, comme un poing levé dans la mêlée, pétillante, débordante d’espoir, bouillonnante d’amour, grande et forte.  Tous les trois font face aux épreuves de leur âge comme n’importe quel enfant, et pourtant émerge de leur histoire une touchante maturité dont on tire une bonne leçon.

 

Bande-annonce

 

 

Qui l’a fait ?

Alexander Nanau né en Roumanie en 1979 et immigre en Allemagne alors qu’il n’a qu’un an. Il intègre la prestigieuse école berlinoise de cinéma, DFFB. Ses deux premiers documentaires, Peter Zadek inszeniert Peer Gynt (2006) et Lumea vazuta (2009) sont rapidement remarqués, ce dernier, au sujet d’un homme sans-abri qui âgé de quarante ans intègre le monde de l’art avec ses œuvres datant de ses années d’errance,  remporte le prestigieux International Emmy Award en 2010. Toto et ses sœurs est son troisième documentaire, avec lequel il continu d’éblouir les spectateurs en festival, et qui a notamment gagné le prix international du  Cinema Eye Honors’ Spotlight 2016.

 

 

Appréciation : Dans un documentaire qui n’en semble pas un, Alexander Nanau vous ouvre la porte d’une famille qui a ses douleurs, ses joies, mais surtout un amour de la vie remarquable. C’est autant la simplicité de leur quotidien que de la prise de vue qui reste gravée dans la mémoire du spectateur. Nulle pitié, nuls remords, mais une admiration sans borne, et une envie de surpasser nos difficultés avec la même splendeur humaine, exemple à l’appui.

 

 

C’est pour quel public ?

 

L’humour et la simplicité du sujet rendent le film accessible à des enfants, mais la violence affective peut heurter les plus jeunes.

 

Verdict : Tous publics, donc, mais avec quelques réserves.

 

 

Juliette Mrc