Tarzan
De quoi ça parle :
Voici des années que Lord Greystoke, plus connu sous le nom de Tarzan le seigneur de la jungle, n'a pas reposé le pied en terre d'Afrique. Une mission diplomatique entre les émissaires de la couronne d'Angleterre et les représentants du roi des Belges concernant le sort du Congo va cependant le pousser à retourner dans le pays qui l'a vu naître, accompagné de son épouse Jane.
Mais le retour de Tarzan est aussi le résultat d'une machination impliquant plusieurs ennemis mortels : un chef de tribu vindicatif et le perfide commandant Léon Rom, lequel convoite les diamants de la cité perdue d'Opar.
Genre : Aventure
Date de sortie : 06/07/16
Durée : 1h50
Qui l’a fait ?
David Yates, réalisateur britanique dont la carrière modeste a pris un tour beaucoup plus spectaculaire lorsqu'il s'est vu confié le cinquième film Harry Potter. Après quoi, celui-ci réitéra son succès avec les trois derniers films de la saga. Ce Tarzan est une petite diversion pour lui avant son retour à l'univers créé par JK Rowling avec la sortie des Animaux fantastiques à la fin de l'année.
Qui joue dedans ?
Alexander Skarsgard, acteur suédois qu'on a pu voir dans Hidden, The East ou encore The Giver.
Margot Robbie, actrice australienne très présente au cinéma depuis trois ans avec des films comme Diversion, Il était temps, The Big short, Les Survivants ou Suite française, et qu'on reverra avant la fin de l'été dans le rôle de Harley Quin dans le film de super-(anti)héros Suicide squad.
Christoph Waltz, qu'on ne présente plus depuis qu'il est l'un des acteurs préférés de Quentin Tarantino (Inglorious Basterds, Django unchained, Les 8 salopards) et qu'on a vu aussi dans Carnage de Roman Polanski, Big eyes de Tim Burton ou le dernier James Bond Spectre.
Est-ce un bon film ?
Hélas, non. Un bon film Tarzan aurait été une agréable bouffée d'air frais dans un paysage de blockbusters estivaux un peu terne cette année, mais ce ne sera pas le cas.
Dès les premières lignes de texte qui apparaissent à l'écran, on constate avec dépit que le film va se perdre en background inutile sur l'histoire du colonialisme, fustigeant d'entrée de jeu la barbarie de l'homme blanc, comme pour s'excuser d'avance d'être un film d'aventure à l'ancienne. Et nous voilà en présence d'une expédition belge à la recherche d'une cité perdue, expédition vite décimée par la tribu locale à l'exception de son machiavélique commandant, Léon Rom. Lequel négocie alors avec le chef des "sauvages" le prix à payer en échange des diamants qu'il convoite. Et ce prix c'est Tarzan, bien sûr.
Car ne croyez pas que vous allez assister à la naissance de la légende du seigneur de la jungle. Les auteurs du scénario font l'erreur fondamentale d'inombrables réinventions hollywoodiennes de personnages classiques, puisqu'ils considèrent que les spectateurs connaissent déjà forcément les aventures de Tarzan et commencent donc leur récit comme une pseudo-suite, un retour aux sources pour notre héros qui s'encroûte en Angleterre depuis des années, ne répondant plus qu'au nom de Lord Greystoke. On peut donc oublier tout espoir d'avoir des enjeux dramatiques intéressants, puisque les supposés héros de ce film n'ont jamais l'occasion d'être présentée convenablement au public.
Autant dire que les puristes de l'oeuvre de Edgar Rice Burrough ne seront pas gâtés, et que les traits dominants de ce monument de la littérature seront tous gommés au profits de cliché vus et revus que l'on nous ressert jusqu'à la nausée. La vie et les spécificités du personnage de Tarzan sont traités à travers des flashback particulièrement maladroits, insérés grossièrement dans le récit. Les scènes d'action ne relevant pas le niveau, on se rend rapidement compte que l'on n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent : des bons acteurs de seconds rôles (Christoph Waltz mais aussi Samuel Jackson, Djimoun Housson) qui n'ont hélas rien d'intéressant à faire ou à dire, des paysages magnifiques et des images à la photographie léchée. Mais cela ne fait pas un film, et certainement pas un film d'aventure. Dans ces conditions, on voit mal comment le personnage de Tarzan - incarné ici par l'un des acteurs les moins charismatiques à s'être attaqué au rôle - pourrait toucher le public moderne. Le mythe retourne donc dans l'ombre, en attendant sa prochaine itération au cinéma, que l'on espère un peu moins calamiteuse.
Appréciation : une énième version sans âme d'un héros pourtant mythique du cinéma et de la littérature, plombée par un script indigent, un interprête bien trop fade et un irrémédiable manque d'ambition.
C’est pour quel public ?
Le film se veut famillial, bien qu'il soit un peu trop intense pour les jeunes enfants. Mieux vaut donc le déconseiller au moins de dix ans. On déplorera le traitement particulièrement balourd du méchant belge, avec lequel la mise en scène de David Yates ne manque jamais de souligner le chapelet suspendu à son poignet.
Verdict : à voir à partir de dix ans, ou à éviter tout simplement.
Romain